Pastorales et crèches de Noël 2021
dans les Alpilles et en Camargue
La tradition de Noël en Camargue et dans les Alpilles
En provence, au coeur des paysages sauvages de la Camargue et des petits villages empreints d’histoire des Alpilles, la tradition de Noël se vit intensément. La période Calendale, qui s’étend de la Sainte Barbe (le 4 décembre ) à la Chandeleur (le 2 février), est rythmée de nombreuses célébrations traditionnelles héritées du passé pastoral de la Provence. Elle transporte petits et grands dans un monde léger et étincelant fait de partage, de joie et de gourmandise.
L’art des santons et de la crèche de Noël
La crèche de Noël et les santons symbolisent tout l’attachement des provençaux à la tradition de Noël. D’abord vivante pour la messe de minuit, elle est installée à partir de la révolution dans de nombreuses maisons le dernier dimanche avant Noël à la plus grande joie des enfants qui se bousculent pour placer bergers, mages et animaux dans la bergerie. En place jusqu’à la Chandeleur, elle répresente traditionnellement la scène de la Nativité mais aussi pour les plus belles des scènes de la vie quotidienne en Provence aux 18ème et 19ème siècles.
Pour les amateurs de santons et de crèches géantes, les plus belles mises en scène sont à admirer à Tarascon à la chapelle de la Perséverance et à Arles à la chapelle Ste Anne sur la place de la mairie, sans oublier le Salon des Santonniers d’Arles qui se tient au palais de l’Archevêché juste en face. ( voir infos ci-dessous)
A VOIR
› 13 nov – 16 janv : Salon des Santonniers – Palais de l’Archevêché – ARLES + d’infos
› 4 dec – 23 janv : Crêche géante 100 m2 – Chapelle Sainte Anne – ARLES
La Chapelle Sainte Anne abritera en même temps le concours de crèche amateur.
A DECOUVRIR AUSSI
› 13-14 nov : 38ème FOIRE AUX SANTONS – Salle polyvalente – FONTVIEILLE + d’infos
› 24 nov – 6 janv : CRECHE GEANTE famille Barzizza – Chapelle de la Persévérance – TARASCON
Rue Proudhon. Ouverte le samedi et le dimanche. 10h-12h30 / 14h-18h30
› 3 nov-5 dec : 28ème FOIRE AUX SANTONS – centre-ville – CHATEAURENARD + d’infos
› 21-23 dec : Marché des Santonniers et féérie de Noël – Place de la Mairie – SAINT REMY DE PCE
Le gros souper et les 13 desserts
Le Gros Souper est le repas traditionnel du réveillon de Noël en Provence. Contrairement à ce que son nom indique, il est composé de 7 plats plutôt maigres (poissons, escargots, légumes, etc) et des fameux 13 desserts. Ce repas, chargé de symboles, est servi le soir du 24 décembre au cours de la veillée précédant la messe de nuit. Vous en saurez plus en lisant le conte de Noël qui se trouve en bas de cette page.
Pour les ingrédients du repas de Noël, qu’il soit en tout point conforme ou pas à la tradition provençale (l’essentiel étant de se régaler en famille et entre amis), les différents marchés de Noël organisés dans tout le Pays d’Arles sont l’occasion de dénicher les spécialités gastronomiques authentiques et de qualité qui orneront la table des 24 et 25 décembre. L’un des plus réputés est le Petit Marché du Gros Souper qui se tient sur la place de la Mairie à Saint Rémy de Provence du 17 au 19 décembre 2021. Les dates de tous les autres marchés de Noël en Camargue et Alpilles sont à retrouver dans notre agenda.
La Pastorale
Au coeur des traditions de Noël, la Pastorale reste l’une des célebrations les plus suivies par les provençaux. Représentation théâtralisée de la Nativité, la Pastorale est chantée et parlée en provençal. S’inscrivant dans le cérémonial de la messe de minuit, elle raconte l’histoire de Joseph cherchant un abri dans la campagne de Bethléem pour passer la nuit avec sa famille. Accompagnée de chants et cantiques provençaux, les fameux “Noëls”, c’est un spectacle plein d’émotion et de simplicité que l’on partage en famille avant de rentrer à la maison poursuivre la veillée autour des 13 desserts et de la bûche.
› 18 dec – 2 janv : Traditions de Noël en Provence – centre du village – LES BAUX DE PROVENCE
A DECOUVRIR EGALEMENT
› 18 dec : Parade de Noël à la tombée de la nuit – centre du village – EYGALIERES
› 18 dec : Pastorale à 17h30 et à 19h30 – Place Favier – SAINT REMY DE PROVENCE
› 19 dec : Défilé Respélido Provençalo et Feu de la Saint-Jean – Centre-ville – SAINT REMY DE PROVENCE
Conte de Noël et tradition provençale
Joli conte de Noël trouvé sur le web en faisant nos recherches pour s’immerger dans la magie du Noël provençal. Auteur inconnue (…)
C’était une belle nuit de Provence, au ciel clair, sans un nuage qui vînt ternir le pur éclat des étoiles. C’était une belle nuit figée de givre, nettoyée de mistral. C’était une belle nuit de paix…C’était la veille de Noël.
Au mas, on avait semé le « blé de la Sainte Barbe », dans trois petits sietoun (assiettes). Si pour Noël le blé a levé et se dresse bien vert, la récolte de l’année sera bonne. Les enfants avaient installé la crèche, qui chaque année s’enrichissait de quelques santons, recréant la vie des paysans de chez nous. Au milieu du petit village, sur les collines de papier froissé, les garrigues aux arbres figurés par du thym, les éclats de miroir devenus étangs, tout ce petit monde semblait vivant, on avait l’impression que la poissonnière vantait ses rascasses, que le gendarme venait de mettre la main au collet du boumian, que le tambourinaïre allait vous donner l’aubade et que les belles Arlésiennes allaient se lancer dans la farandole…
Ce matin, on avait dressé la table selon le rite calendal (Calendo, c’est Noël), avec les trois nappes, les trois chandeliers, les trois sietoun de blé qui évoquaient la Sainte Trinité. Les treize desserts, qui rappelaient la dernière Cène, et pour le « gros souper », sept plats maigres en mémoire des sept douleurs de la Bonne Mère.
Dans la cheminée flamberait tout à l’heure la bûche de Noël, une belle bûche choisie avec soin, car elle devra se conserver jusqu’à l’Epiphanie, ensuite les restes en seront conservés pour protéger la maison et les terres de la maladie, du feu et des orages. Elle doit venir d’un arbre fruitier toujours, mais jamais de figuier qui est l’arbre auquel Judas s’est pendu…
La veillée familiale commença par la cérémonie du « cacho-fio », l’allumage de la bûche. Après avoir fait 3 fois le tour de la table, portée par le plus vieux et le plus jeune de l’assemblé, elle fut déposée dans l’âtre, aspergée par trois fois de vin cuit par le petitou, tandis que l’aïeul récitait la formule traditionnelle : « Cacho-fiò, bouto fiò…Alègre, alègre, Dièu nous alègre…Calèndo vèn, tout bèn vèn…Dièu nous fague la gràci de veire l’an que vèn, e se noun sian pas mai, que noun fuguen pas mens… » Ensuite, la famille s’assit autour de la table, pour partager joyeusement le gros souper. Comme le veut la tradition, on avait mis un couvert de plus sur la table : c’est le couvert du pauvre. Depuis toujours, si un pauvre frappait à la porte en ce soir de veillée, on le faisait entrer, asseoir à la table de la famille et on le servait de même que s’il en faisait partie. Bien sûr, de nos jours, il n’y avait plus guère de pauvre qui venait frapper à la porte. Mais le couvert était mis tout de même. Et ce soir là, précisément, on frappa à la porte. Ou plutôt, ce fut un coup sourd, un seul, contre le battant. Le maître se leva pour accueillir l’arrivant, il ouvrit la porte mais il ne trouva personne…C’est alors que, baissant les yeux, il vit à ses pieds un chien qui, poussé sans doute par le mistral, était venu cogner la porte et restait affalé sur la pierre du seuil. Un pauvre chien comme en on en voit souvent qui traînent dans la cour des mas ou qui accompagnent les pastres, bêtes au poil rêche et hirsute, mélange de tant de races qu’on ne les reconnaît plus…Un vieux chien, à ce qu’il semblait. Etait-il perdu ? L’avait-on jeté sur la route parce qu’il ne servait plus à rien ? La pauvre bête n’aurait pu le dire, mais ses yeux contenaient toute la détresse du monde. Alors le méstre ouvrit tout grand la porte « Vé, on l’aura tout de même, noste paure ! » Le chien se glissa à l’intérieur, la tête basse. Osco segur que ça ne devait pas lui arriver souvent d’être bien accueilli. On le fit approcher de la cheminée, on lui servit une belle écuelle de pâtée qu’il avala de bon cœur, mais en jetant de temps en temps un petit regard furtif autour de lui. L’écuelle vidée, il se coucha, les pattes repliées, avec un soupir d’aise. Qu’il faisait bon être là, le ventre plein, bien au chaud, loin des assauts du mistral qui vous glace et vous rebrousse le poil, sans les cailloux du chemin qui meurtrissent les pattes…Parfois, un des enfants se levait, posait sur son dos sa petite main en une rapide caresse. Le vieux chien se prenait à rêver un instant qu’il était le chien de la maison…
Vint l’heure de se mettre en route pour la messe de minuit. Quelqu’un fit remarquer que tout de même, ce chien, on ne le connaissait pas, on ne savait rien de lui, on ne pouvait pas le laisser là, seul, dans la maison. Alors, tout doucement, on le fit lever, on le mena vers la porte « Il faut bien t’en aller, mon beau… » Il s’assit au coin du seuil, écouta la porte qui se fermait sur la salle bien chauffée, regarda la famille s’en aller. Son bonheur aurait été de courte durée. Au loin, une cloche sonna. Elle égrenait les douze coups de minuit…Une voix parvint au vieux chien « Viens, viens par ici…Viens avec nous… » De la grange, un petit âne gris, comme il y en a partout dans notre Provence, l’appelait. Il ne s’étonna pas plus d’entendre parler un âne que de s’entendre répondre lui-même « Je viens ! ». Il entra dans la grange : l’âne, les moutons, les chèvres, un vieux biou au mufle grisonnant…Toutes les bêtes de la maison, même la basse-cour, se trouvaient là et lui firent place. Puis toutes s’agenouillèrent, et commencèrent à parler. Parce qu’en Provence, on sait que la nuit de Noël, les bêtes reçoivent le don de la parole, en souvenir et reconnaissance de ce que l’âne et le bœuf ont réchauffé le petit Jésus dans la crèche. Mais malheur à celui qui tenterait de les épier ! La mort serait son lot. L’âne dit au vieux chien « Tu sais, en souvenir du petitou qui est né cette nuit, nous avons le droit de faire un vœu. Toi aussi, tu en as le droit… » Alors du fond de son cœur, le vieux chien souhaita une chose qui lui sembla folle : avoir une maison où on l’aimerait, d’où il ne devrait plus jamais s’en aller, jamais…« Pichot Jèsu…Toi qui es né cette nuit pour faire le bonheur des hommes, est-ce que tu ne pourrais pas aussi faire le bonheur d’un vieux chien comme moi ? Alors je te le demande, donne-moi une bonne maison… ».
Quand la famille rentra, on partagea les restes des 13 desserts, on but le vin cuit, on chanta les vieux noëls provençaux. Puis chacun alla se coucher. Personne ne remarqua que dans la crèche, un peu en retrait, entre l’âne et la mangeoire où dormait le petit Jésus, il y avait un nouveau santon. Un vieux chien de berger, gris de poil et qui, couché le museau entre ses pattes, semblait sourire…
Pour plus d’infos sur la tradition de Noël dans la Provence de Frédéric Mistral, nous vous conseillons la visite du Mas du Juge à Maillane, qui est la maison natale de Frédéric Mistral et qui possède un petit musée historique de la vie en Provence à l’époque du poète.